Un savoir-faire traditionnel


 

 La pisciculture d’étangs est une activité traditionnelle pratiquée depuis le Moyen-âge

 

Très clairement, du XIIIème au début du vingtième siècle, la finalité des étangs est toute entière contenue dans l’exploitation piscicole. La chasse à tir de la faune aquatique a certes commencé bien avant avec l’apparition des fusils de chasse, mais elle restait élitiste et marginale. D’ailleurs, la gestion des étangs ne s’en souciait guère : les digues étaient systématiquement débarrassées de tous arbres. A ce sujet, il est très intéressant d’observer les premières cartes postales que Monsieur de Neufbourg fit tirer de ces étangs dans les années 1920 pour la commodité de ses correspondances. Le paysage est méconnaissable. Les joncs étaient régulièrement fauchés puis faucardés en bateau pour servir de litière au bétail et surtout afin de lutter contre le naturel phénomène d’atterrissement des étangs dans leur platière. La végétation était sensiblement différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. La présence des joncs à massettes (thypha latifolix) était prédominante voire envahissante. Les roseaux (phragmites) étaient moins répandus. Les eaux étant beaucoup plus acides, favorisaient diverses espèces végétales en forte régression, telle que la prêle, le nénuphar jaune, et différentes espèces de potamots.

 

Le véritable changement de milieu aquatique commença au début du XXème siècle pour les fins d’améliorations piscicoles, par l’apport raisonné de chaux et de scories thomas, sous l’impulsion de Monsieur de Neufbourg qui venait par ailleurs de révolutionner la pisciculture française en créant la « carpe royale » et en réussissant le croisement de deux souches ; la franc-comtoise de Monsieur Meugnot et celle d’Indre-et-Loire de Monsieur Hirsch. Leur produit présenté à Paris, lors de l’exposition de 1928, était d’une morphologie et d’une croissance incomparable qui allait s’imposer dans toutes les exploitations piscicoles. La production des étangs qui stagnait a quelques 150 kg / hectare passait a près de 400 kg/ha. A cette même période, l’agriculture évoluait également, l’emploi de l’engrais se développait, les effluents des villes et villages croissaient inévitablement. Les étangs rentraient dans une période d’eutrophisation qui à son début accru encore la production piscicole. La végétation aquatique évoluait à nouveau : apparition de macrophytes souvent envahissants (elodea canadensis, ceratophyllum, demersum, etc…) qui ne manquent pas de provoquer des modifications de la faune : très grand développement du milouin, presque inconnu au début du siècle passé, puis apparition du canard morillon qui devient nicheur en Forez.

 

Dans les années 1980, le phénomène d’eutrophisation s’accroît encore et les étangs connaissent alors la difficile problématique d’un milieu devenu trop riche en nutriments, envahis dès le réchauffement des eaux par les algues bleues (cyanobactéries) pouvant provoquer une complète désoxygénation ayant pour conséquence la mortalité du cheptel piscicole, voire des anatides car certaines algues bleues telles que mycrosistis sont toxiques. Nous avons recherché des solutions pour contrôler les dangers de cette eutrophisation. Différentes réponses techniques sont aujourd’hui disponibles, mais nous sommes obligés de considérer l'eutrophisation comme la fâcheuse conséquence du développement humain. Nous ne pouvons prétendre en avoir seuls la pratique et le refuser aux autres « usagers ». En la matière,   on relève une prise de conscience : le phénomène d’eutrophisation peut être encore jugulé. En va-t-il de même du sectarisme qui est en train de ruiner nos étangs et qui inexorablement les fera disparaître ?

 

Texte de Mr MONTSERRET: Histoire des étangs du Forez

Extrait du  site internet Histoire des étangs du Forez - ligerclubderoanne.blog4ever.com

 

 

UNE TRADITION INCONTOURNABLE... ET INDISPENSABLE

La pisciculture est une activité forézienne traditionnelle qui a peu évolué entre le 13e et le 19e siècle. Elle ne s'est véritablement transformée qu'au début du 20e siècle avec l'apport d'amendements calciques, puis les travaux de sélection d'une espèce de carpe à croissance rapide, « la carpe royale », menés par le comte de Neufbourg. Les étangs sont alors passés d'un rendement de 150kg/ha à environ 450kg/ha, plaçant le Forez en tête des régions piscicoles françaises avec la Camargue. Mais à partir des années 1990, les pisciculteurs ont commencé à rencontrer des difficultés économiques liées notamment à la prédation exercée par le cormoran sur les alevins, à la dégradation de la qualité de l'eau et aux dégâts produits par les ragondins sur les digues et ouvrages des étangs.

La plupart des étangs de la plaine du Forez ont traditionnellement une vocation piscicole. Les opérations de pêche se font annuellement et généralement de novembre à mars selon un programme établi à l'avance.

 

UNE PISCICULTURE EXTENSIVE

Le terme "pisciculture extensive" étant éminemment subjectif, les pratiques de gestion raisonnée. Ce système d’élevage utilise, en grande partie, les ressources biologiques disponibles naturellement dans l’écosystème, soutenues, pour accroître la biomasse des poissons, par des pratiques de fertilisation, d'amendement ou de complémentation alimentaire.  La production piscicole ainsi obtenue est de  quelques centaines de kilos de poissons par  hectare et par an. Maintenir et promouvoir les bonnes pratiques de gestion piscicole traditionnelle

 

L'INTERVENTION HUMAINE POUR MAINTENIR UN EQUILIBRE INSTABLE

La vidange régulière, le curage du fond de l’étang et l'entretien des ceintures de végétation freinent le processus d’eutrophisation, en limitant l'accumulation de matière organique. Mais c’est surtout l’assec qui, en favorisant la minéralisation de la matière organique des sédiments, permet périodiquement de rajeunir l’écosystème, en établissant une nouvelle succession cyclique et donc en ralentissant le comblement du plan d’eau.

 

UNE ACTIVITÉ RESPECTUEUSE DE SON ENVIRONNEMENT

Activité traditionnelle pratiquée par nos ancêtres, la pisciculture d'étang respecte le cycle de croissance des poissons et son environnement naturel. Pratiquée en milieu naturel et dans le respect de ce dernier, elle contribue à la richesse de la biodiversité de zones reconnues au niveau international telle le Forez (Espace Natura 2000). Enfin, elle joue également un rôle important dans la gestion des paysages.